Polyglossie

Calligraphie chinoise et japonaise - Humeurs d'un polyglotte

vendredi, mars 16, 2007

Exercice de style





花 - hana, fleur.




Plus je pratique la calligraphie, plus je suis confronté à son immensité. Non seulement il y a des dixaines de milliers de caractères et cinq styles calligraphiques principaux, mais encore y a-t-il des variantes dans les style, surtout en cursive. Au cours de son histoire, la calligraphie n'a cessé d'évoluer et de s'enrichir des apports de Maitres calligraphes et de leurs disciples. L'expression calligraphique est infinie, et il est impératif de goûter à cette diversité lors de l'apprentissage.




Une fleur n'est pas seulement une fleur, elle est cette fleur-ci, dans les yeux et le coeur de cet observateur-là, dans un instant unique. Les tracés varient dans la tradition chinoise, et chacun cherche le geste qui lui convient pour correspondre à l'esprit de la calligraphie dans l'instant. Les traits de base sont plus ou moins liés, plus ou moins contrastés... Chaque fleur appartient au calligraphe, et je remercie mon professeur de m'avoir fait passé une bonne heure à tracer des fleurs, toutes mes fleurs, dont les plus belles osent se montrer ici... dans leur diversité.

lundi, mars 12, 2007

Fleurs


筆の花 - Fude no hana, Fleurs du pinceau.

C'est la première fois que je calligraphie sans modèle. J'ai beau déjà avoir étudié ces caractères auparavant, je ne me suis pas du tout posé de question sur la correction du tracé. Je vous livre ma spontanéité avec un peu de savoir faire, sans vraiment savoir si c'est bon ou mauvais. C'est en voyant le thème d'une callifusion sur l'atelier calligraphie, "fleurs de plumes", qui en a été le prétexte. Cette métaphore m'a rappelé le proverbe japonais 言わぬが花 - iwanu ga hana - les mots qu'on ne dit pas sont les fleurs du silence. Sans doute le silence du pinceau me donne-t-il les plus belles fleurs. La parole commence par un silence.


dimanche, mars 04, 2007

Ensemble


共生共存共栄 - kyôsei kyôzon kyôei

Vivre ensemble, être ensemble, prospérer ensemble - Voila trois semaines que je fais et refais cette exercice pour ne provoquer chez la prof qu'une moue polie et un silence embarassé. Au même moment, l'exercice "marcher seul" (voir billet du 3 mars) ne me pose aucun problème technique, il faut croire que tracer une vie ensemble est plus difficile que de marcher seul... La philosophie par la pratique, croirait-on. Toujours est-il que maintenant, il me semble que le résultat est intéressant. On verra bien le jugement de la prof la semaine prochaine.


Je réponds par cette calligraphie au billet d'hier, car la solitude du destin ne condamne pas à la solitude du voyage. Je veux ici me souvenir de ceux qui m'ont accompagnés, un petit bout, une longue étape, et ceux qui sont encore à mes côtés. Je vis avec vous, je suis avec vous, et je trouve mon bonheur avec vous. Merci.

samedi, mars 03, 2007

Marcher


歩 - aruku, marcher

Avancer, toujours avancer, marcher et continuer, on vit, on vit toujours, on ne fait que vivre, tout continue toujours. Alors chacun marche, à son rythme, et fait sa vie. On se croit accompagné, même aidé, et parfois l'est-on peut-être. Mais c'est marcher qui compte, car c'est la vie qui compte. C'est pourquoi j'ai isolé ce caractère de la formule du texte du Mumonkan 乾坤独歩 : Dans l'univers, on marche seul.


Le but du voyage m'indifère, je ne veux ni ciel ni terre. Je marche, c'est tout. Et quand bien même des compagnons de marche me suivraient ou me précèderaient, nous ne marchons que par nous-mêmes, chacun sur nos jambes. Et il est important de ne pas oublier ses jambes, car même si nos amis nous aident, ce sont nos jambes qui nous portent. Alors marchons.
Le poème entier d'où est tiré cette formule et cette réflexion, en caractères traditionnels (anciens) :
大道無門 Le Grand Chemin n'a pas de porte,
千差有路 Des miliers de routes différentes y mènent.
透得此關 Quand on passe cette borne,
乾坤獨歩 Dans l'univers, on marche seul.