Polyglossie

Calligraphie chinoise et japonaise - Humeurs d'un polyglotte

mercredi, septembre 26, 2007

Astres



日月風 nichizukifû - Soleil, lune et vent


Les astres sont la mesure du temps, ils se fuient et se rencontrent, comme si le soleil avait rendez-vous avec la lune de l'autre côté du ciel. Le vent nous emporte avec le temps qui passe, afin de nous réconsilier avec l'infini et retrouver l'unité.
En fin d'après midi, la lumière faiblissante du soleil laissait un peu de ciel à la pâleur de la lune. On aurait dit que la brise avait porté le message du soleil à la lune, pour qu'elle vienne le voir. Et elle est venue.

mardi, septembre 25, 2007

Rôle principal




主人公 shujinkô - Rôle principal


Le Maître zen Zuigan 瑞巌 donna cette réponse à la question "Qui êtes-vous?" : Le rôle principal. Loin d'une réponse immodeste, l'interprétation se porte plus vers les fondamentaux de la doctrine zen : nous avons tous le rôle principal dans notre vie, et personne ne peut l'être à notre place.

La réponse laconique renvoie à notre nature mortelle, et la chance que nous avons de mener notre barque. La liberté qui nous est donnée est notre rôle principal, celle qui permet de suivre notre chemin et de rester maître de notre destin, si on veut bien s'en occuper. Le zen ne demande rien d'autre que de jouer ce rôle et de s'y tenir. Sans faux semblant, sans prétexte de fuite.

lundi, septembre 24, 2007

Tianyi

天一 tian yi - Ciel et unité

Tianyi est le prénom du héro du Dit de Tianyi de François Cheng. Ce ciel représente l'absolu dans la tradition chinoise, et c'est vers le ciel que ce tourne les Chinois pour lui adresser leurs voeux. L'unité est le point de départ de toute création, née du néant, et source de la dualité qui donne source à la création du monde. Le symbolisme de ce prénom n'est surement pas anodin sous la plume de François Cheng. Je laisse à chacun le soin de lire ce merveilleux livre pour se faire sa propre idée.
Touché par ce prénom simple au graphisme fascinant, je me suis mis à le calligraphier par simple exercice. Le trait simple est très difficile à tracer de façon à ce qu'il prenne toute sa place de caractère dans la suite graphieque, sans perdre la dynamique. De plus, c'était l'occasion de montrer comment les formules calligraphiées horizontalement s'allignent de droite à gauche. Pour que yi 一 soit harmonieusement placé en prenant toute sa place, il faut créer une perspective par asymétrie avec tian 天 tout en les plaçant dans un même prolongement. Ce nom est tellement absolu qu'il faut une profondeur graphique forte. J'espère m'en approcher un peu.

dimanche, septembre 09, 2007

Un simple trait

ichi - un, simple trait horizontal
Une attaque, un développé, une conclusion. Tout se fait dans cet ordre. Tout. Car tout commence et finit pas un simple trait. C'est déjà assez difficile en régulière, mais la recherche du mouvement, du souffle, de la force et de l'intensité quand on a juste un trait à tracer... voilà une tâche déconcertante. Dans un vers de poésie chinoise, dans un proverbe ou une citation célèbre d'un ancien, un trait horizontal seul, le caractère 一 yi en chinois, ichi en japonais, présente une difficulté incroyable : au milieu de caractères plus complexes qui permettent une recherche de composition, le trait seul doit être dans le prolongement du style et du mouvement. En xingshu ou caoshu, styles cursifs, la chose est délicate. J'ai essayé de garder les contrastes de tons gris et marron pour que l'on puisse deviner la force et l'intensité du mouvement. Quand on a qu'un seul trait pour l'exprimer, il faut vraiment tout donner pour que cela se voit un peu.

vendredi, septembre 07, 2007

Se purifier

洗心 senshin - purifier son coeur

Il m'est venu l'idée de travailler la version régulière de cette mystérieuse formule. Un réflexe, une habitude. De temps en temps, il faut remonter sur le vélo pour être sûr de savoir encore en faire. Contrairement à ce que j'ai toujours entendu, je ne crois pas à la perfection technique en régulière. Les modèles des grands maitres divergent de beaucoup, on ne peut pas réduire la régulière à une simple question d'adresse du poignet. La recherche artistique est cependant d'autant plus ardue.

mercredi, septembre 05, 2007

Sceaux


戴善 mon nom chinois

泰津 mon nom japonais

Ces images générées par des polices informatiques de sigillaire donnent une idées de ce que j'aimerais vraiment posséder : des sceaux chinois et japonais. En Chine et au Japon, ils tiennent lieu de signature, ils sont l'expression même de l'identité. Je ne prétends pas être asiatique, mais j'aimerais me cacher derrière ces symboles pour être "imprimé" discrètement dans un coin de certaines de mes calligraphies, ne pas me mettre en avant tout en étant présent.

mardi, septembre 04, 2007

Purifier son coeur

洗心 senshin - purifier son coeur

Laver, purifier son coeur, et devenir chaque jour quelqu'un de plus juste, de plus droit. La rectitude morale n'est pas uniquement une question de raison, les Chinois s'adressent au coeur. S'agit-il d'une renaissance chaque matin, d'une purification rituelle ou d'un simple instant de méditation...? C'est un peu les trois quand je me purifie le coeur en calligraphiant.

lundi, septembre 03, 2007

Vide

Mu - vide

Calligraphiés à l'infini, le vide originel résonne en nous à tout moment, mais il est bien rare que nous l'écoutions. Prendre son pinceau et tracer des caractères avec soin est une façon parmi d'autres de retrouver l'écho du vide des origines. Je n'ai jamais vraiment trouvé de mot mieux adapté pour décrire ce calme profond qui s'instale paisiblement en moi lors d'une séance de calligraphie.


dimanche, septembre 02, 2007

Poussière dans la lumière


和光同塵 wakôdôjin - Douce lumière comme la poussière
Le chinois classique est particulièrement difficile à traduire. Cette formule de Laozi a été commentée de long en large depuis des siècles. L'interprétation la plus courante est "vivre une vie calme par l'effacement de soi". Mais la prof de calligraphie nous a fait part d'une expérience inattendue :
Arrivée en avance juste avant notre cours du soir, elle était en train d'installer son matériel sur le bureau. Elle vit alors des rayons de lumière entrer dans la pièce et révéler la poussière en suspension dans la pièce. Cela lui rappela la formule de Laozi. Le plus beau des rayons de lumière, aussi pur soit-il, révèle la poussière. La pureté et la saleté existent l'une dans l'autre, nécessairement liée par leur complémentarité essentielle.