Polyglossie

Calligraphie chinoise et japonaise - Humeurs d'un polyglotte

samedi, juin 20, 2009

Ushidoshi




牛年 ushidoshi - l'année du buffle
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Je ne crois pas plus en l'horoscope chinois qu'en tout autre divination. Je suis même cartésiennement désagréable avec ceux qui en font trop état à mon goût, ce qui est assez fréquent en société. Pourtant, je me suis pris d'intérêt pour ces deux caractères. D'abord de point de vue technique, car ils sont tous les deux portés par un axe vertical aérien qui leur donne un air de jumellité un peu usurpé. Ils font la paire. Ils se ressemblent trop pour ne pas aller bien ensemble, mais pas assez pour s'y méprendre... un couple mal assorti et malgré cela lié par le destin des étoiles. Ils vont bien ensemble, c'est inexplicable, c'est illogique, c'est ridicule, mais il vont bien ensemble. C'est troublant de me trouver être du signe du buffle dans leur système, de rejeter les astres et les sages avec, et cependant la simple calligraphie des ces deux caractères me touche. Du coup, je les ai fait en grand format 80x30 cm.

dimanche, juin 07, 2009

Il n'y a pas de Saints




廓然無聖 kaku zen mu sei, kuò rán wú shèng - Ciel si vaste, sans un sage.
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L'expression chinoise 廓然 décrit le vaste ciel libre de toute trace de nuage, le grand vide céleste. Et le Zen n'y voit aucune saint, aucune sage d'aucune sorte. Le ciel, la vérité spirituelle, n'est pas une image sacralisée de modèles de sainteté mais un vide devant lequel le bouddhiste zen se pose et assume sa condition humaine sans concession. J'y vois une responsabilisation de l'individu devant ses actes, la spiritualité n'étant qu'un miroire profond intérieur devant lequel on mesure sa propre bonté.... son coeur.


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Un tracé plus cursif pour l'exemple :

lundi, juin 01, 2009

De la vertu

無功徳 muku doku - Aucun honeur pour la vertu
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Le Roi fit construire une pagode en or, prit soin de la communauté des moines et s'assura que rien ne leur manquât jamais. Content de son travail pour la communauté, il alla voir le Maitre. Il le demanda : "Sage, qu'obtiens-je donc pour tous les bienfaits que j'ai prodigué". Le sage répondu sur un ton monocorde : 無功徳 - On n'obtient aucun honeur pour avoir été vertueux.
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Faire le bien, avoir la vertu de faire bien, c'est tout simplement être un être de vertu. Ce n'est pas un commerce. Qui veut faire bien, fait bien. C'est tout. Le bouddhisme ne promet rien du tout à ses fidèles, ce sont les écoles bouddhiques qui font, selon les lieux et les époques, une cuisine particulière qui s'impose dans l'esprit des gens. Un bouddhiste aime la vertu, pour le bien général, et il le fait quand il le peut. C'est une participation à un ensemble, il est sa propre récompense.
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Pensez-y la prochaine fois qu'un dôjô en occident vous parle de libération, de mérites ou autres promesses.