Polyglossie

Calligraphie chinoise et japonaise - Humeurs d'un polyglotte

samedi, avril 29, 2006

Mon nom en japonais

Le boulet : Comment on traduit Jennifer en japonais?
Le Elie : ben.... Jennifer.

Loin de moi la tentation d'ironiser sur la santé mentale des gens selon leur couleur de cheveux, car les boulets aussi peuvent se colorer le scalp. C'est donc en parfait observateur neutre que nous allons nous pencher sur le cas du boulet qui adoooooooore le Japon. Peut importe qu'il ou elle veuille traduire (sic!) le prénom Jennifer pour sa copine, sa soeur ou parce que c'est son nom à elle, le fait est que le boulet est persuadé que les noms se traduisent. Son idée fixe : avoir son nom en japonais.

Prenant le risque de provoquer des lésions cérébrales irréversibles dans la noisette du boulet, je rappelle que nous parlons ici de noms propres... (grand silence)... Vu qu'on vient de perdre les boulets qui se demandent en boucle ce que la propreté a à faire avec Jennifer, on peut passer à la vitesse supérieure : le nom propre a la particularité d'être attribué individuellement à une personne afin d'établir son identité civile une bonne fois pour toute. Le nom que l'on porte est à soi, il est unique et monomorphe. Ça marche avec les personnes et avec les lieux. Un nom est un nom, point final. Et je peux le prouver ! Le même boulet jenniferophile avoue fièrement vouloir devenir mangaka (ou pire, prof de français) à Tokyo - or, je lui pose la question : comment dit-on Tokyo en français ? Tant que les boulets continueront à me répondre Tokyo et pas Capitale-de-l'Est, Jennifer restera Jennifer. Les boulets étant maintenant KO par surchauffe neuronale, on peut faire dans la nuance. Ce qu'il est possible de faire avec un nom, c'est le transcrire en japonais. D'ailleurs, les Japonais y ont pensé. Les Chinois, Coréens et Vietnamiens peuvent garder leurs caractères chinois s'ils les connaissent, mais les autres doivent trouver leur bonheur dans le tableau des katakana. Même les boulets.

Mais les plus expérimentés en choses japonaises vont rétorquer que leurs quinze ex-petites amies japonaises ont toutes, sans exception, cherché de charmants kanji pour leur nom... Ben oui, les kanji, ça se prononce aussi, ce n'est pas uniquement ornemental. Votre nom reste cependant votre nom, Jennifer ou autre, et les katakana le transcrivent en japonais histoire de se plier aux usages locaux - mais tout le monde a la liberté de s'amuser à trouver des kanji qui correspondent pas trop mal à la phonétique. Ceci ne fait pas de vous un Japonais, et votre nom n'a pas changé non plus, vous vous attribuez simplement un pseudonyme graphique en kanji, et vous êtes parfaitement libre de le faire. C'est même un passe-temps assez populaire auprès des Japonais qui côtoient des occidentaux. Ce pseudonyme graphique ne représente rien pour l'état civil, mais il n'y a pas que les juges dans la vie. C'est pourquoi je vous fait part de mon pseudonyme graphique. Au bout de quelques mois de cours, ma prof de calligraphie me demande si je suis arrivé à trouver des kanji pour mon nom. J'avoue que l'idée m'avait effleuré, et j'avais reçu l'aide précieuse d'une amie japonaise qui trouvait aussi ce jeu amusant. Après un peu de réflexion, tout le monde est tombé d'accord sur un choix pas trop mauvais. La combinaison 泰津 n'existe a priori pas en japonais, et on peut l'interpréter comme "Havre de Paix" - mais c'est juste le sens que moi, je lui donne, à partir du sens principal "paisible" de 泰 et "crique marine" de 津. Lors de mon inscription au programme par correspondance de l'école Kampô, la prof m'explique qu'il faut mettre mon nom dans la marge à gauche. Humblement, je lui demande comment l'écrire, et elle répond spontanément : "en kanji, c'est plus joli". Elle a très bien résumé la situation : un nom occidental en kanji, c'est juste pour faire joli.

2 Comments:

At 22:55, Anonymous Anonyme said...

Bonsoir Elie,
j'ai une petite question: quand tu pratiques ton art, dans quel état d'esprit es-tu ?
Pour éclairer ma question, je me permets de faire appel à ma pratique de la méditation.
Lorsque je médite sur un object (ex: une bougie), il s'établit alors une relation sur trois plans:
-être présent à soi;
-être présent à l'objet;
-être présent à la relation entre soi et l'objet.

Qu'en est-il pour toi ?

 
At 02:57, Blogger ElieDeLeuze said...

Autant être honnête : il faut du calme pour faire de la calligraphie. Le pinceau est un sismographe qui ne ment pas.

Il faut faire le vide autour de soi, trouver moyen de n'avoir rien d'autre à faire. Je ferai un post sur ce sujet, un jour. Mais pour l'essentiel, soit on fait son encre en grattant pendant un quart d'heure - ce qui a plutôt tendence à m'énerver qu'à me calmer - soit on prend cinq minutes pour faire quelquest traits et se concentrer.

Je dirais qu'il y a surtout une relation entre le corps et la pensée. Pour tracer, il faut connaitre le tracé par coeur afin de ne pas hésiter (ce qui se verrait). On regarde donc bien le caractère avant de le tracer, quitte à le faire en l'air pour être sûr. D'un point de vue de la méditation, la calligraphie est une forme de concentration méditative. On se concentre sur ce que l'on fait, rien d'autre, et on le fait. Un mouvement après l'autre, en visant la maitrise de soi. Il faut maitriser sont corps, sa tenue, son mouvement. Le pinceau trace simplement ce qu'il y a dans le corps et l'esprit au moment de tracer. Si le résultat est nul, ce n'est jamais la faute du pinceau, mais toujours celle du bras.

On applique en principe exactement les mêmes techniques méditatives, l'objet de la concentration étant la réalisation d'un tracé. Cela aide, car il est plus facile de se concentrer sur quelque chose que de simplement viser la concentration maximale en soi.

 

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