Paix
安心 - anshin
La paix de l'esprit. Concept bouddhiste, il s'agit de la sérénité que l'on atteind par la médiation. Pas la relaxation anti-stress... la paix spirituelle. La calligraphie demande de la concentration, une attention patiente et paisible qui vient de l'intérieur et s'expériorise par l'entremise du pinceau. L'apaisement 安 du coeur 心 désigne la plénitude de tout notre intérieur, aussi bien psychologique que spirituel. C'est un peu trop demander à la calligraphie que d'amener le calligraphe tout droit à l'illumination, mais elle est un moyen de fixer son attention sur le corps, la respiration, l'énergie intérieure, la concentration de l'esprit, comme une aide à la méditation.
La mode du zen en occident nous a apporté son lot d'approximations philosophiques. Le désir de trouver le calme, de se réfugier dans une certaine sérénité pour se reposer de la vie moderne, cela se comprend. Mais de là à le faire passer pour une quête spirituelle... Il y a des centaines de sites internet sur les merveilleuses révélations de bouddha et autres bones paroles vraies de vraies. Dans ce supermarché de la cyberspiritualité, j'ai surtout été frappé par le discours pseudo-évangéliste de nombreux groupes qui se réclament du bouddhisme. Il y a des mélanges qui laissent un goût acide, comme les gourous autoproclamés qui claironnent sans rire que grâce à Bouddha, l'âme des occidentaux va pouvoir trouver la paix ultime. Ça sonne bien, mais c'est du discours chrétien pur jus. Pour le bouddhisme, l'homme n'a pas d'âme. Il y a le corps, l'esprit, la conscience (parfois plusieurs niveaux), la connaissance de cette conscience, quelques concepts annexes selon les écoles... mais pas de principe vivant éternel qu'on pourrait appeler âme.
Un bouddhiste qui meurt disparait vraiment pour de bon, il ne reste rien, mais alors rien du tout, pas même un petit bout de souffle d'être. Car il y a contradiction totale entre le concept d'âme chrétienne et celui d'impermanence bouddhique. L'âme est le divin insufflé en l'homme pour lui donner la vie en communion avec Dieu(d'un point de vue chrétien), ce qui fait de la vie un concept éternel qui ne disparaît jamais. L'impermanence bouddhique nous dit que tout est périssable au sens propre du terme, que tout apparaît et disparaît totalement, y compris le monde, l'univers, les idées, les personnes, les choses, les éléments de la nature : tout. Un individu n'est qu'un aggrégat d'éléments qui se désaggrègent. Ce qui lie tout cela, c'est le néant. Tout vient du néant, tout retourne au néant, et la seule universalité qui soit est le non-être. Il n'y a pas d'Être pour un bouddhiste. Rien ne reste pour toujours. Alors n'allons pas chercher une "âme" éternelle là où il n'y a que le néant. Quand il n'y a rien, il n'y à rien à y trouver non plus. Le néant est un ensemble de potentialités d'où origine toute vie et où tout revient, c'est tout. Forcément, ça met un coup à notre ego, qui n'est, d'un point de vue bouddhique, qu'une illusion que nous entretenons parmis tant d'autres, et qui a inventé les âmes pour pronlonger l'illusion pour l'éternité. Le bouddhisme ne joue pas à ce jeu-là. Il faut croire que certains cyber-bouddhistes ont du mal à se détacher de leur cher ego, et s'arrangent avec Bouddha, un chic type qui ne menace personne de l'enfer.
On trouve vraiment du n'importe quoi sur internet. La preuve : certains diront que c'est moi, qui dit n'importe quoi...
3 Comments:
Bonsoir Elie,
j'ai lu ton blog ce soir, et j'avoue que ce que j'ai lu me fait un peu peur.
En fait, j'ai un peu peur pour toi... j' ai l'impression que tu te laisses envahir par ton art. Appel du vide ? Turbulences de la vie ? Manque ? Je ne sais pas.
Ne te perd pas en chemin.
Bien à toi
Gfa
Tout va bien, je te rassure. Je ne pratique pas le bouddhisme, d'ailleurs. Je me contente de voir des liens où je peux, tout en gardant toute la rigueur intellectuelle dont je suis capable. Et c'est à ce titre que je m'insurge contre le travestissement des concepts. Et dans le domaine de la spiritualité, chacun fait un peu sa propre cuisine, alors je préfère garder mes distances.
Riche, leger, lumineux, juste...
Merci Elie pour ces pages rencontrees au hasard de ma curiosite, nos violons d'ingres pour differents qu'ils soient, pourraient danser du meme archet.
Un musicien salue en vous "l'Honnete Homme".
N
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