Polyglossie

Calligraphie chinoise et japonaise - Humeurs d'un polyglotte

dimanche, octobre 28, 2007

Sérénité

shizuka, jìng - calme, sérénité


Les études préalables, c'est bien - l'aboutissement, c'est mieux. Il faut savoir s'imprégner du mouvement, l'intérioriser, en faire un réflexe avant de l'interpréter dans la spontanéité de la cursive sôsho/caoshu. Le calligraphe ne prend pas possession de la forme, il se laisse prendre par elle. L'essence du caractère se sert du pinceau pour se révéler sur la feuille. Celui qui essaierait d'emprisonner le caractère dans son esprit verrait l' "unique trait du pinceau" lui échapper. Les vieux Chinois traçaient pendant des heures dans du sable ou simplement en l'air avec le doigt, avant de calligraphier vraiment. La préparation se modernise, je prends mon marqueur ou je trace au pinceau sec. Il existe même des pierres naturelles qui, comme des ardoises, révèlent le tracé à l'eau claire, sans encre, que l'air efface en séchant la surface.

Le tracé cursif lie les traits, mais sans nécessairement les reprendre tous. Suggérer une forme normalisée suffit, inutile de s'embrouiller dans d'interminables croisements. Pour visualiser la simplification opérée, j'ai retracé le caractère 静 en régulière kaisho/kaishu, mais en ne gardant que les traits du tracé cursif. Les simplificateurs chinois se sont inspirés de cette technique ancestrale, et on voit ici ce que cela aurait donné s'ils avaient décidé de simplifier ce caractère également.