Polyglossie

Calligraphie chinoise et japonaise - Humeurs d'un polyglotte

samedi, mars 21, 2009

Figuratif


Ceci est une interprétation de 牛. Il s'agit de reprendre les tracés sigillaires anciens, encore très figuratifs, au pinceau, dans un esprit de dépouillement graphique sans perdre totallement le lien avec la valeur figurative du sigillaire. Dis comme ça, c'est pompeux et fort peu distrayant pour le lecteur, mais c'est l'intérêt de ce billet quand même : vu dans un livre de calligraphie, j'ai trouvé la démarche intéressante. En reprenant au pinceau des tracés qui étaient à l'origine taillés dans la pierre, on s'offre une palette graphique infinie sans code strict et cependant lisible. Le choix de l'asymétrie est de mon fait, mais le tracé est repris du modèle. Les tracés sigillaires sont l'identité graphique des caractères, leur étymologie et leur lien avec le réel. Pour un Chinois, le caractère est non seulement le signe, mais il est la chose aussi. C'est antisaussurien : pas d'arbitraire du représentant par rapport au représenté, le boeuf m'est pas moins un boeuf sur la feuille que dans l'étable. L'arbitraire n'existe pas à l'origine des caractères, ceux-ci représentent directement ce qu'ils signifient. La réinterprétation des modèles sigillaires dans l'esprit graphique moderne est la réaffirmation de ces racines.