Polyglossie

Calligraphie chinoise et japonaise - Humeurs d'un polyglotte

vendredi, septembre 08, 2006

Saisons


Motif traditionnel de calligraphie chinoise et japonaise, les quatre saisons sont une inspiration inépuisable pour le Maître comme pour le disciple. Carractères assez difficiles, très techniques, s'inscrire dans l'interminable lignée de ceux qui ont célébré le cycle de l'année est un but en soi pour un élève. Je le vis même comme une étape. Une borne sur le chemin, qu'il est bon de regarder quelques instants, pour y voir toutes les autres à venir. Ces dernières semaines, mon apprentissage du style cursif auprès de mon nouveau professeur m'a paru simple, logique, évident. Je me sens léger.

Comme si tout arrivait toujours au bon moment, l'école Kampô m'a envoyé les corrigés des épreuves que j'avais envoyées au printemps. Il m'ont situé au 4ème niveau pour la régulière et au cinquième niveau pour la courante. Pour deux ans de pratique, je me rends soudain compte qu'il y a déjà plusieurs bornes derrière moi. La vie avance, et moi avec. Mon pinceau me porte. Je me sens si léger.

mercredi, septembre 06, 2006

Entendre avec le coeur


聴 - chô, kiku
La dernière séance de calligraphie fut le théâtre d'une petite révolution. J'avais jusqu'à présent sagement pris un pinceau adapté à chaque style, pour un résultat plus probant. Cette fois-ci, la prof m'a demandé de garder le pinceau souple pour faire un carractère en régulière kaisho. Le résultat est comme le pinceau : souple. L'apparente contradiction entre les règles rigides de ce style et la douceur délicate de ce pinceau m'a fait découvrir le plaisir de l'harmonie dans la contradiction. La fermeté dans le poignet, le mouvement fluide des poils souples comme la rencontre de la pierre et de l'eau.

Ce carractère signifie entendre, écouter - mais la composition nous en dit plus. L'oreille, pour l'écoute, le coeur pour le plus profond de l'être, et le filet pour retenir. J'aime ce carractère pour le lien qu'il établit entre l'intuition et les sens. Il dit le non-dit, il fixe le volatil, il donne forme à l'entrelac de toutes les dimensions de l'humain.

mardi, septembre 05, 2006

Nouvelle prof



Tout prend fin. Même les déménagements chaotiques. En plus, j'ai trouvé une nouvelle prof de calligraphie sino-japonaise. Evidemment, ça été un choc. Lors de ma première séance, elle m'a simplement observé. A la deuxième séance, elle est devenue plus locace. Au diable la fausse modestie, elle me fit très plaisir lorsqu'elle annonça "Oh, bien, je veux faire un compliment, mais je n'ai pas le mot... (elle cherche dans le dictionnaire)... ah oui, ta calligraphie est très obéissante". Heureusement qu'elle avait annoncé que c'était un compliment. Par la suite, il me semble avoir compris qu'elle trouvait que j'avais bien assimilé les bases techniques. Lors de la dernière séance, elle a confirmé mon interprétation en m'encourageant à être plus spontané et moins strict dans l'enchainement des traits.

更快高強 - Plus vite, plus haut, plus fort.
Ne croyez pas que je n'ai rien fait pendant deux mois. Mes pinceaux ont certes séché pendant la première partie de l'été, mais j'ai repris dès le mois d'août. Si j'ai attendu jusqu'à maintenant pour mettre une entrée sur le blog, c'est que j'ai commencé l'apprentissage du style cursif, le sôsho. Autant le dire carrément, pendant quelques semaines, j'ai fait n'importe quoi, il vallait mieux que je ne montre rien à personne. Mon premier essai pas trop mauvais est cette formule olympique légèrement abrégée. Le premier carractère est le comparatif, et il fonctionne sur les trois autres pour permettre la concision pour la calligraphie. Les jeux olympiques de Beijin approchent, alors forcément... Par souci d'explorer la nouveauté stylistique jusqu'au bout, j'ai choisi une encre légère, liquide, qui laisse entrevoir les mouvements internes de chaque trait. Même au scanner, ceci n'est pas complètement perdu. Le style cursif est à la fois difficile et plus simple : il faut une adresse plus aiguisée, avoir le mouvement dans le bras avant de pose le pinceau et avoir la spontanéité d'aller au bout de l'exécution sans hésiter. Il faut vraiment se lancer à l'eau. Seulement voilà, ça ne marche que si l'on a répété ces mouvements des dizaines de fois afin de les posseder vraiment. Ce qui nous ramène à mon long silence estival : il m'a fallu un peu de temps pour passer le cap. Ce n'est pas trop mal parti.