Polyglossie

Calligraphie chinoise et japonaise - Humeurs d'un polyglotte

jeudi, mai 31, 2007

Main dans la main

把手共行 - Tenir par la main, marcher ensemble

Je continue mon exploration du cursif. Il m'a fallu deux bonnes semaines pour arriver à une version présentable de cette calligraphie. Ces caractères à peu de traits vont à l'essentiel, dépouillé de discours, ils doivent être parfaitements équilibrés pour prendre vie.

Il y a une incroyable sobriété, comme la simplicité de la formule : main dans la main, nous ne sommes jamais seuls, avec l'être aimé, un animal dévoué, des pensées intimes, des souvenirs émus ou simplement le souffle du vent ou l'éclat de la lune. Il y a toujours une main à saisir, pour ne pas marcher seul.

mercredi, mai 30, 2007

Durer toujours


松竹梅 - matsu, take, ume

Le pin, éternellement vert ; le bambou, qui plie mais ne casse jamais ; le prunier, premières fleurs du printemps toujours renaissant. Voici comment les Japonais voient le mariage. La formule résume les trois vertus d'un mariage réussi, interprétable à volonté. La modernité y voit volontier la fidélité conjugale, les compromis nécessaires et la naissance des enfants.
La post-modernité y verra peut-être l'amour éternel, la tolérance mutuelle et le renouveau permanent de la passion... Les caractères, eux, sont immuables. La calligraphie suspend le temps. Puisse l'amour en faire autant.

lundi, mai 28, 2007

Tolerance



寛如 - kannyo et 寛大- kandai sont deux façon d'exprimer le concept de tolérance et d'acceptation de l'autre dans le bouddhisme. Mais comment comprendre les évidences des autres cultures sans se laisser entraver par ses propres évidences ? Ce serait cela, la tolérance et l'acceptation de l'autre.






La calligraphie me permet de faire le tour des sagesses taoïstes et bouddhistes grâce aux choix hebdomadaires du professeur. Elle nous fait partager des pensées qui sont évidentes en Asie et que nous ne rencontrons qu'entre deux pages d'encyclopédie.

mercredi, mai 09, 2007

Non-action

Le zen m'a toujours fait un peu peur. Le sectarisme borné des maîtres occidentaux autoproclamés me divertit quand il étale son ridicule à la télévision, mais pour une vraie séance de méditation, je préfère recevoir une leçon d'un crapaud du Jura suisse.
無為 - mui, non-action
L'inaction, ce n'est pas rien faire et encore moins s'enfermer dans un templounet amateur au coin de la rue. Ne pas agir est une attitude. Chaque instant réinvente le monde, comme jamais on ne se baigne deux fois dans le même fleuve, et le zen accepte chacun de ces instants. La méditation n'est pas un but en soi, mais une voie pour acquérir une attitude d'ouverture sur le temps et le changement perpétuel, afin d'être dans l'instant et de vivre l'essentiel. Ne pas agir, ce n'est pas ne rien faire, c'est être vraiment.

mardi, mai 01, 2007

Méditation


虚心 - kyoshin, vide intérieur.


L'odeur de l'encre monte doucement, le frottement régulier du bâtonnet sur la pierre rythme ma respiration en assombrissant l'eau. Le minéral de la pierre, le liquide de l'eau et l'organique de l'encre ne font qu'un. Les éléments mèlent leur force et leur douceur dans une alchimie parfumée. Je laisse le calme m'envahir, les mouvements du bras sont lents et précis, la main se pose naturellement sur le pinceau, et sans aucune autre intention que de faire un trait... je fais un trait. La concentration est un exercice difficile, et ce simple bout de bambou aux poils noircis d'encre devient le centre de tout mon corps. Mes bras se maintiennent avec naturel une main posée sur le coin du papier et l'autre sur le manche de bambou, le dos droit sans se crisper, les pieds enracinés dans le sol sans pousser ni appuyer sur le plancher, mon corps tout entier est un pinceau. De cette concentration nait une douce méditation, un tout petit début de kyoshin...