Polyglossie

Calligraphie chinoise et japonaise - Humeurs d'un polyglotte

dimanche, décembre 31, 2006

Voeux calligraphiques


福寿 - fukuju
Sobrement mes meilleurs voeux à la chinoise et à la japonaise : bonheur et longue vie en cette nouvelle année de notre calendrier. Cette page trône déjà sur mon mur, dans l'entrée, afin que tous ceux qui viennent me voir bénéficient de ces voeux. Et comme certains viennent me voir ici, je finis l'année sur cette interprétation personnelle d'une convention plusieurs fois millénaire, pour vous souhaitez sincèrement tout le bonheur possible et une longue vie pour en profiter.

samedi, décembre 30, 2006

La force du sanglier


Qu'est ce que la force en calligraphie ? Visiblement, je ne le sais pas plus que vous puisque mon professeur me répète chaque semaine de mettre plus de force dans mon trait. L'être simple et logique que je suis en a conclu que je dois être trop mou. Que nenni - ça m'apprendra à jouer au plus malin avec une maître calligraphe. Le contraire de la force, c'est la fameuse obéissance qui la fait sourire depuis qu'elle me connait. Les années passées à sagement apprendre les techniques de base me permettent maintenant de penser un peu moins à ce que je fais et un peu plus à comment le faire. Chaque séance de calligraphie commence par un exercice en régulière histoire de ne pas perdre la main, mais sans trop trainer. En début de semestre, on enchainait sur de la courante, mais depuis quelques temps, elle nous propose des tracés nettement plus cursifs, sans extrème. C'est l'occasion pour moi de montrer ma force, ce qui s'accompagne de quelques sourires compréhensifs et de bonnes surprises occasionnelles.

猪 - inoshishi.
L'année chinoise 2007 étant sous le signe du sanglier (ce qui donne en général année du cochon en français), l'occasion de montrer la force sauvage et maîtrisée du pinceau était toute trouvée. Il n'y avait plus qu'à se mettre au travail. Il m'a fallu deux semaines pour comprendre que le résultat est nettement plus intéressant quand on a vraiment intégré le mouvement technique et que l'on ne pense qu'à l'émotion à l'instant de tracer. La tension entre les mouvements suggérés et les traits, les liaisons légères et les épaisseurs bien enracinées dans le sol, les rondeurs aériennes et le rythme du mouvement, afin de voir la rapidité sauvage comme la lenteur intense du trait.



泰津 - transcription libre de mon nom.
Cette liberté de trait que je gagne lentement me donne des ailes. Certains caractères sont de vieux amis que je connais intimement et me permettent de jouer avec eux. Je leur demande où est leur force, je me demande où est la mienne, et de ce dialogue nait une intuition. Sans savoir vraiment comment, le trait prend de l'envol, il a l'air de savoir où il va et c'est moi qui le suit. Pourtant, je sens que ce trait vient de moi. Le résultat est ce qu'il est, mais au moins, c'est de moi. Une courbe hésitante à gauche, un trait central bien planté, un enchaînement fougueux sous une combinaison élonguée, voila ce qui est venu de moi.

vendredi, décembre 29, 2006

Longue vie


Enfin, les images sont de retour sur Polyglossie. Il m'a fallu passer des alliances malignes pour vaincre la technique, mais ma victoire est totale : mon scanner obéit enfin à son maître.

Comme l'automne a été une saison studieuse, je peux dire maintenant sans détour que je suis de plus en plus impressionné par mon professeur, Sanae Sakamoto. Semaine après semaine, elle trace des modèles d'étude pour nous-autres pauvres étudiants avec une telle facilité que nous gardons tous ces feuilles précieusement. Personnellement, j'avoue que cela me permets de préserver un moment de calligraphie et d'échange avec le professeur au delà de l'instant.

寿 - kotobuki
Longue vie ! A vous, tracés rouges de Sanae ; à vous, traits plusieurs fois millénaires ; à vous, amis à mes côtés en cette nouvelle année ! Ce caractère s'invite dans toutes les formules de félicitations festives dans les cultures inspirées du taoisme. Je ne sais pas de quelle éternité les caractères chinois sont les enfants, mais au travers du temps et de leurs évolution, le travail infini de calligraphes m'a donné ce tracé à apprendre. En le reprenant, en y mettant ma main, je prolonge l'éternité pour que jamais la vie de ces caractères ne s'achève. Tracer un caractère, c'est célébrer sa longévité éternelle. Aussi petit soit-on, la longévité est à la porté du pinceau : ce qui compte, c'est la vie des caractères.

samedi, décembre 02, 2006

Retour aux bases

Malgré mes efforts, il m'est toujours impossible d'utiliser mon scanner, je ne peux malheureusement pas montrer d'image en ce moment. Je me rattrapperai dès que possible, promis.

Ces dernières semaines sont loin d'avoir été vaines. Aux grands maux les grands remèdes, alors je me suis remis à faire des exercices de base. Comme au tout début. Puisque je ne savais plus rien faire, et bien ce devait être le retour aux bases. Un trait. Un simple trait. Avec une attaque bien propre, une tension soutenue et une conclusion bien nette. Puis une deuxième trait. Et une multitude de traits qui finirent par défiler en obéissants soldats sur ma feuille de manoeuvres. Le coude planté en l'air, ferme et décidé, les soleils et les arbres se succèdèrent, une rivière et la lune bienveillante... 日... 木... 林... 川... 月. L'enfance de la calligraphie se mit à rire sur le papier, le pinceau éclata de joie et chaque trait me rassurait. Par ce paysage de symboles, c'est mon petit monde noir et blanc qui renaissait, et j'étais soulagé de le retrouver. Il m'avait tant manqué.