
止まれ!STOP ! Internet est un endroit effrayant. Ce n'est pas de sa faute, c'est juste que n'importe qui y fait n'importe quoi. Je surfais innocemment, un peu comme souvent quand je suis par mots-clefs ma curiosité du jour. Un simple
shodo dans une case blanche, un clic et PAF! Tétanisé d'effroi, je n'ose y croire. Tous les vices qui comportent de la vanité, de la prétention et de la mauvaise foi ont désormais une adresse url. Attention, âmes sensibles, ne cliquez pas.
http://www.brandon-san.com/art.phpCe ridicule personnage a l'incroyable toupet de demander de l'argent pour des horreurs pareilles ! Je m'interdis strictement toute moquerie envers l'honnète et laborieux passionné qui pratique la calligraphie comme un exercice de l'esprit et du corps, mais quand l'amateurisme se mèle à l'arrogance et la cupidité des ignorants, il est du devoir de chacun de remettre le coupable à sa place. En l'occurrence un certain Brandon, sis au Texas, et qui visiblement éprouve une fierté sans borne pour son travail. Qu'il pratique un art martial, aucun mal, mais il avoue sans détours avoir fait son site essentiellement pour vendre son "art" ! Je suis attéré. La "chose" artistique en question consiste en quelques barbouillages de caractères japonais tous inspirés du monde des samouraïs tel que cet individu le fantasme. Ce pauvre garçon est la victime d'une industrie sur laquelle je ne m'étendrais pas, mais il provoque mon courroux en se faisant bourreau de la calligraphie.
Pauvres yeux que ces maleureux globules qui posent leur regard sur ces torchons. Le 居合 est carrément méconnaissable et le reste est guère mieux. Aucun sens de la composition, à tel point que les caractères sont complètement démentibulés ; aucun sens des proportions, jusqu'à tracer des éléments d'un même caractère à des échelles différentes ; aucun sens du mouvement, ce qui donne des traits déhanchés, des lignes tordues, des attaques et des arrêts cagneux, des pointes en fin de trait qui partent anarchiquement sans se lier à l'élément suivant ; aucune maitrise de base, avec des angles absents, des pointes bâclées, des pâtés d'encre à des endroits incongrus.... sans compter qu'il ne sait pas faire un point, qu'il recharge visiblement son pinceau n'importe comment en plein milieu, et qu'il ne fait pas deux attaques identiques. Et il faudrait payer pour ça ?? Non mais, c'est fini de se foutre de la gueule du monde !? D'où s'arroge-t-il le droit de massacrer des millénaires de culture ?
Cette insupportable mascarade pousse la bouffonerie jusqu'à singer le vocabulaire des honnètes amateurs : il parle de son "sensei", un Américain qui a dû passé un peu de temps dans un dôjô japonais. Et bien, il n'a pas de quoi être fier, le pseudo-sensei et son sabre en bois sans pouvoirs magiques. Il aurait dû prendre plus de soin à enseigner l'humilité à ses ouailles. Et puis nulle trace de sensei de calligraphie, ce qui ne serait pourtant pas du luxe. Ce genre de personnages, je les appelle les post-pubères, car malgré la barbe, ils vivent toujours dans les référents de leurs années infantiles adolescentes. Quand un enfant fait vivre son imaginaire et se prend pour un samouraï, c'est attendrissant, même quand il fait semblant d'écrire des signes-gribouillis pour représenter son Samouraïland fantastique, mais quand un adulte demande de l'argent pour un tel enfantillage, le ridicule rejoint le pathétique.
Que ce soit clair : être amateur, dillettante, c'est très bien, mais il ne faut pas se faire passer pour ce qu'on est pas. L'individu épinglé aujourd'hui atteind simplement des sommets dans le genre "qui pète plus haut que son cul". Par ce blog, j'affiche simplement mon honnète dillettantisme sans prétendre avoir jamais fait aucune calligraphie digne d'être présentée comme de l'art. Et ça va durer encore quelques années, car le chemin est long - et c'est très bien comme ça.