vendredi, décembre 21, 2007
jeudi, décembre 20, 2007
Année du rat
La dernière séance de calligraphie de l'année est toujours consacrée à la nouvelle année. Notre professeur nous fait un petit topo sur le signe zodiacal et de son histoire. Ce caractère est en fait un pictogramme représentant un rongeur indéterminé, mais le sens principal aussi bien en chinois qu'en japonais est aujourd'hui rat/souris. Il s'agit de l'animal en soi, car les signes zodiacaux ont des caractères spéciaux. Pour l'année du rat, c'est 子 dont le sens premier est fils/enfant. Même en chinois, le sens usuel et le sens zodiacal sont absolument distincts, et il ne viendrait à personne l'idée de faire un quelconque rapprochement entre les deux. Pour illustrer l'année, pour rendre la symbolique plus parlante ou simplement pour faire plus simple, les caractères pour les animaux eux-mêmes sont fréquemment utilisés pour les années du calandrier chinois. J'avais essayé de diluer l'encre pour faire une couleur gris souris, mais le scanner l'a rendu plus foncé. C'était juste pour avoir une couleur plus évocatrice et rapprocher un peu le caractère moderne du pictogramme ancien.
mercredi, décembre 19, 2007
Abondance
Ce caractère possède une élégance que j'affectionne particulièrement. Il est composé, abstait liant la clef de l'eau pour l'idée d'abondance et le phonétique 市 qui signifie en fait marché, où l'abondance des biens n'est pas tout à fait étrangère, bien que ceci n'est sans doute eu aucune importance lors de la création du caractère. L'oeil moderne y retrouve peut-être l'équilibre homme/nature dans la même idée. Mais ce n'est pas du tout le caractère de bon augure, de richesse et de prospérité - qui sera plutôt 富. En japonais, 沛 est rare et signifie surtout pluie abondante, dans ce que cela a d'inquiétant aussi. J'aime ce caractère car il porte en lui l'ambiguïté de ce qu'il signifie : l'abondance de biens matériels, comme la pluie, peut se transformer en déluge.
mardi, décembre 18, 2007
Tsu, jin

Le sens japonais est baie marine, golf naturel marin. En chinois, le sens ancien est passage à gué. Dans les deux cas, il désigne un lieu naturel de rencontre et de concentration d'activité humaine. Les Chinois le rapportent aux fleuves, les Japonais à l'océan. Ce caractère représente donc pour moi le lieu de rencontre entre la nature et l'activité humaine, point de convergence des communications humaines et de l'interdépendance entre les hommes et le milieu naturel.
L'histoire de l'écriture chinoise a formé ce caractère du radical de l'eau et d'un pictogramme représentant une main tenant un pinceau. J'y vois un calligraphe qui se met précisément sur ce point de rencontre, et devient le pilier central de la communion entre l'eau et l'homme, la nature et la culture, à égalité dans le règne de la nature et le royaume des hommes.
lundi, décembre 17, 2007
Créer
Le billet d'hier pourrait faire croire que je renonce à toute création au profit de la copie. Pas du tout. Tracer des modèles de son mieux, cela donne des formes plus ou moins parfaites, mais mortes. Les deux caractères de la calligraphie du jour singifient ensemble créer, mais mot-à-mot, c'est devenir vie. Le calligraphe acquière la technique nécessaire en copiant, et il s'en sert pour donner vie à ses tracés. Cette recherche est la légitime quête de l'apprenti calligraphe, afin que le trait devienne vivant. Alors moi aussi j'ose parfois laisser les modèles, oublier les listes calligraphiques de référence... et je cherche, à taton, une forme douce et robuste, juste asymétrique, lisible mais fluide dans un élan non réfléchi mais bien senti. L'exercice d'aujourd'hui n'est pas tout à fait orthodoxe, j'ai alongé le premier et élargi le second, tout en accentuant la composition asymétrique, afin que de la complémentarité naisse l'équilibre et l'unité. Aussi apprenti soit-on, on crée, mais à son rythme, entre les modèles à copier et les ratés à jeter.
dimanche, décembre 16, 2007
La règle
La loi, la règle, celle qu'il faut suivre, qu'il faut accepter et intérioriser pour faire partie du Tout. Les artistes que nous sommes tous veulent tout inventer, extérioriser une sensibilité individuelle et unique, comme si c'était si évident. La pratique régulière de la calligraphie m'a fait changer d'avis sur la question : être artiste, c'est bien, encore faut-il avoir les moyens de ses ambitions. C'est pourquoi j'aime les règles, les traditions, les canons de la calligraphie, et j'aime les copier, les suivre, les respecter. C'est une forme de discipline intellectuelle, une "hygiène" artistique pour ne pas tout mélanger : créer c'est bien, vouloir réinventer la roue, c'est con.
mardi, décembre 11, 2007
Cercle zen

dimanche, décembre 09, 2007
Continuum stylistique

Les trois styles calligraphiques kaisho/kaishu, gyousho/xingshu et sousho/caoshu sont définis dans leurs principes, mais en pratique, il faut voir une ligne continue de la rigueur concentré à la spontanéité fougueuse, que chaque calligraphe doit apprendre à apprivoiser pour y mettre ses propres limites entre les styles.
A titre d'exemple, le caractère 子 enfant, fils en kaisho/kaishu,
sousho/caoshu,
gyousho/xingshu.
samedi, décembre 08, 2007
Calligraphier

书 shū - écrire, livre
La plus belle réussite calligraphique de la simplification du chinois est à mes yeux 书 qui signifie à la fois écrire, calligraphier et un livre. Il est aérien, comme suspendu dans le blanc de la feuille, bien droit sur son axe, avec un léger profil qui marque la profondeur de la perspective. Le point final termine le mouvement avec légèreté et volonté, tout en affirmant l'équilibre de l'asymétrie. Exécuter le geste pour tracer le caractére de l'écriture, c'est déjà appliquer l'ensemble de ses principes. Comme toujours, le signifiant et le signifié ne font qu'un.
Fleuve des montagnes

山川 shān chuān - Montagne et fleuve, paysage naturel
L'eau coule dans les vallées, ruissèle et forme des rivières grandissant à leur tour et qui deviennent un de ces puissants fleuves nourriciers qui traversent la Chine. Motifs traditionnels de peinture, les monts et les cours d'eau sont aussi des caractères pictogrammes qui redeviennent monts et rivières par la calligraphie. Paysage abstrait, réalité sublimée, le pinceau écrit la nature.