Cursif

Les poissons jouent au fond de l'eau. Si si, je vous jure, c'est bien 魚遊水底涼 - évidemment, en japonais normal, les gens disent 魚が涼しそうな水の底で遊んでいる - Uo ga suzushisôna mizu no soko de asonde iru - mais en s'inspirant du chinois, ça donne une formule racourcie en cinq caractères. Et en calligraphiant en cursif, on arondit les formes et on suggère les combinaisons de traits en un mouvement souple... et on ne peut guère le faire qu'à l'aide des nombreux Maîtres calligraphes qui au cours de l'histoire ont defini ces formes et nous ont laissé des modèles à étudier. Il y a une certaine liberté artistique, évidemment, mais qui suis-je pour déjà penser à créer des formes que je connais à peine. Interpréter les modèles que l'école Kampô me fournit me suffit.
En fait, c'est justement après une visite au centre de calligraphie Kampô de Bruxelles hier que l'envie m'a pris de m'exercer un peu au style cursif. J'y ai reçu une leçon, j'ai donné mes exercices de mai, et la prof m'a encouragé à passer à l'apprentissage du cursif. A la japonaise, évidemment, pas en me demandant mon avis. Elle me montrait un détail technique de style courant gyôsho et passa sans transition au modèle de cursif pour juin. Du coup, je l'ai suivi dans son élan. J'ai découvert par la même occasion que l'encre que j'utilise manque de fluidité, ce qui ne m'aidait jusque là pas à réussir de beaux traits fluides et forts en courante ou en cursive. Pour une fois que je peux évoquer une vraie raison technique pour me trouver des raisons au maladroit résultat de mes exercices, j'en profite un peu... mais je promets ne pas abuser trop longtemps de cette mauvaise foi. Une fois rentré, la curiosité de voir ce que je pouvais faire après cette leçon m'a poussé à l'action. J'ai jeté pas mal de feuilles, bien-sûr, mais je mets une version ici tout de même, comme une borne sur le chemin. On verra dans quelques semaines quels défauts mon regard y découvrira. Il sera alors temps de tenter de les corriger. Chaque chose en son temps.